L’allocation d’actifs stratégique et tactique
THÉMATIQUE DE CET ARTICLE
Quelques exemples d’allocations d’actifs stratégiques et d’allocations d’actifs tactiques pour investir à long terme.
Plusieurs études statistiques sur des fonds de pension ont montré que la performance de ceux-ci s’expliquait essentiellement (on parle de 93,6% !) par l’allocation d’actifs que par le “stock-picking”.
Pourtant l’allocation d’actifs est un sujet peu abordé, on lui préfère la thématique du stock-picking (“Quels sont les 10 actions à détenir en 2010”, “Investissez grâce au PER”…).
J’ai longtemps négligé aussi l’allocation d’actifs, partant du principe que l’investissement en actions étaient le plus rentable à long terme et que j’avais la vie devant moi. La lecture, entre autre, du livre Les placements de l‘épargne à long terme m’a ouvert les yeux en montrant statistiques historiques à l’appui, que sur une décennie, il y a 10% de chance d‘être perdant en étant investi 100% en action, même dividendes réinvestis. Le risque est totalement nul sur une période de … trente ans !
Et les statistiques historiques avaient vu justes, puisqu’avec la crise financière, 1999-2009 a été une de ces décennies perdantes.
D’autre part, si quand on a quelques mois de salaire en bourse, il est gérable mentalement d‘être 100% actions, ça n’est plus vrai avec un patrimoine financier de plusieurs années de revenus. Quand du fait de la volatilité on “gagne” ou “perd” deux mois de salaire en une journée, je peux vous dire que l’on ne dort pas très bien la nuit.
Si vous suivez le blog depuis le début, vous avez une idée du montant que je “gère” et celui que je veux atteindre.
Exemples d’allocation d’actifs stratégique
Elle dépend de votre capacité à supporter la volatilité et de votre horizon d’investissement.
Il y a de nombreuses études statistiques qui s’appuient sur les corrélations historiques des principales classes d’actifs pour en tirer une allocation idéale. Cependant les corrélations changent dans le temps et certaines études (ou logiciels informatiques d’optimisation) utilisent des indices coupons non réinvestis, donc leur pertinence est toute relative.
Un grand classique est celle-ci :
Elle sert de base à de nombreux fonds de pension. La part obligataire sert à diminuer significativement la volatilité et il y a surpondération en actions car leur performance est historiquement meilleure.
Les allergiques à la volatilité peuvent complètement se passer des actions, avec ce type d’allocation, pertinente aussi pour les retraités :
La partie immobilier pouvant être investie en biens directs ou en SCPI.
Avant la crise 2008-2009, cette allocation a aussi fait merveille :
En effet, les foncières cotées (REIT) ont longtemps affiché d’excellentes performances, une faible volatilité et peu de corrélation avec les autres actions. Cette allocation offrait un rendement supérieur au classique 60/40 avec une volatilité inférieure.
Mais la crise a tout chamboulée et les foncières cotées se sont comportées comme de vulgaires financières et non comme des actifs immobiliers. Une débauche d’endettement et une bulle sur l’immobilier coté (et non coté !) en est la cause.
Les grosses fortunes ont tout intérêt à se diversifier encore plus, par exemple comme ceci :
D’une manière générale, appliquer “stupidement” l’adage ne pas mettre ses oeufs dans le même panier et utiliser une large diversification “naive” (avec équi-pondération des classes d’actifs) s’avère pertinent.
En effet, une sur-optimisation d’après des critères de corrélations historiques a toute les chances d‘être décevante dans le futur, puisque les corrélations entre actifs ne sont pas constantes, la crise 2008-2009 a été là pour nous le rappeler.
Regardez la “meilleure” allocation produite par cette étude d’un spécialiste en allocation d’actifs en Décembre 2007 :
Il s’agit de l’allocation D, qui contient 31% de foncières cotées, 20% d’immobilier, 24% de capital-risque, 8% de sociétés non cotées et 10% d’actions des marchés émergents. Le rendement attendu était de 8,19% avec un beta de 0,44 (soit deux fois moins volatile que du 100% actions pour un rendement quasi-identique : donc le beurre, l’argent du beurre et la crémière !).
Ni obligations, ni d’actions des pays développés : le faible beta est obtenu, car les actifs étaient décorrélés sur la période historique considérée.
Imaginez comme celui qui a eu cette allocation sur-optimisée s’est fait massacré en 2008-2009 !
Exemples d’allocation tactique
Au sein des classes d’actifs, il faut diversifier aussi.
Par exemple, la partie obligataire peut se diviser en :
- Obligations d’Etat à court terme et monétaire
- Obligations d’Etat à long terme
- Obligations d’Etat indexé à l’inflation
- Obligations d’entreprise
- Obligations d’Etat émergents
- Fond euro
La partie actions peut (doit ?) être diversifiée :
- Géographiquement
- Sectoriellement (voir Générateur de portefeuille d’actions)
On peut aussi ajouter des critères de tailles de capitalisation boursière et types de sociétés (valeur, croissance, rendement…).
Le portefeuille du site montre un exemple de diversification. Le sujet est aussi largement abordé dans le livre à paraître en Septembre.
Maintenant je sais que la diversification peut paraître pour de la paresse intellectuelle. Avoir un patrimoine concentré, c’est croire en ces idées et c’est une façon de viser le “jackpot” (pour les chanceux ou les plus malins !). Les autres y laisseront leur patrimoine.
L’expérience m’ayant prouvé que je n‘étais ni malin, ni chanceux, je m’en tiens maintenant à la stratégie “prudente”, avec une large diversification.
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“Nous n’avons pas besoin d’être plus intelligents que les autres, nous avons juste besoin d’être plus disciplinés que les autres.” – Warren Buffett